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Comment ?  Pourquoi?

(modification d’un article paru précédemment)

 

L’Association historique francophone de Victoria compatit profondément avec les nations autochtones qui ont été, et sont encore, victimes du système de pensionnats.  La douleur de perdre un enfant sans savoir vraiment ce qui a pu lui arriver, est une émotion que ne devrait jamais vivre un parent, un village, un peuple.

Le colonialisme est une doctrine politique qui préconise ou cherche à justifier l’exploitation d’une colonie, d’un territoire ou d’un État par un État étranger. La souveraineté que le pays colonisateur exerce sur sa colonie se traduit par une domination politique, militaire et une exploitation économique au détriment des populations locales. 

Les motivations du colonialisme peuvent être variées :

  • Accaparer des ressources naturelles, des matières premières
  • Contrôler des routes commerciales et assurer leur sécurité (route vers la Chine et sa production de pavot).
  • Empêcher l’expansion de puissances concurrentes. (Les États-Unis)
  • Disposer de bases militaires avancées à des emplacements stratégiques (Sur le Pacifique).
  • Accomplir une “mission civilisatrice” (voir ci-dessous).

Les grandes puissances coloniales ont longtemps considéré qu’il était de leur devoir, en tant que pays civilisés de race blanche, d’aller, et ce ne sont pas mes paroles, mais celles des colonisateurs, d’aller donc : “apporter la civilisation à des races inférieures”.

Les églises chrétiennes en tant qu’institutions, fonctionnaient (fonctionnent encore) comme des royaumes, avec le roi (la reine d’Angleterre pour l’église Anglicane, le pape pour l’église Catholique); il y avait aussi des archevêques, des évêques, représentant des chefs des églises dans les colonies et toute une suite de sous-fifres : dans notre comparaison, ils étaient comme des marquis, des barons, des lords.  Ces dirigeants avaient un pouvoir absolu sur les prêtres, les frères et les sœurs, sur ces gens qui se trouvaient au bas de l’échelle et qui avait abdiqué toute volonté : ils avaient fait vœu d’obéissance envers leurs supérieurs.

 

Et qui plus est, il n’y avait aucune femme ayant véritablement du pouvoir : les congrégations religieuses féminines obéissaient à un chapelain. Ces femmes se trouvaient tout en bas de l’échelle, et à l’intérieur même de ces congrégations, il y avait une hiérarchie.

 

La religion et la politique se supportaient l’une et l’autre.  L’argent entrait à plein coffres sous les voûtes des cathédrales.  L’Église contrôlait le peuple en le menaçant de l’enfer s’il n’obéissait pas aux dictats de la classe politique, et en remerciement, les autorités laïques et judiciaires fermaient les yeux sur les activités de certains religieux.  

 

La Compagnie de la Baie d’Hudson avait le monopole de 3 colonies :  Haida Gwai, la Nouvelle Calédonie et l’Ile de Vancouver. James Douglas était plus ou moins le Chef du territoire. Il fit signer des traités aux peuples premiers, qui en apposant leur marque sur le document, cédaient leurs terres à la Cie de la Baie d’Hudson, et de ce fait, à l’Angleterre.  Douglas encourageait l’évangélisation et les missions.  En contrôlant la vie spirituelle des peuples conquis, on les garde soumis.

 

Parmi les premiers explorateurs de l’Ouest Canadien, se trouvaient plusieurs missionnaires.  On n’a qu’à se rappeler, parmi les plus connus, de François Norbert Blanchet, de Modeste Demers et d’Augustin Joseph Brabant.

 

Le missionnaire se rendait et s’installait dans un village; souvent, il connaissait déjà le Chinook, langage commercial des premières nations d’avant contact.  Ou il apprenait la langue locale sur place pour mieux évangéliser ses hôtes.

 

Plusieurs écoles dirigées par des religieux francophones ont vu le jour au cours des décennies qui ont suivi, établissant tout un réseau de ‘’missions’’ à travers le territoire au nord du 49e parallèle.

Le gouvernement canadien a  utilisé ce réseau, et la collaboration entre le religieux et le politique (Loi sur les Indiens) a facilité le génocide, identifié comme tel par l’Organisation des Nations Unies.

C’est ainsi que les Oblats, puis les Sœurs de Sainte-Anne ont pris la direction du pensionnat pour autochtones de Kamloops (Kamloops Indian Residential School) où les dépouilles de 215 enfants ont été retrouvées.

Et les prêtres, les frères et les sœurs ont été les instruments d’un génocide.  Ils ont obéi aux ordres… et ont oublié leur humanité!

 

Rien n’autorisaient ces personnes en position de pouvoir sur les enfants autochtones, arrachés à leur famille, à leur culture, de les abuser : violences physiques, verbales, psychologiques et sexuelles.  Il est plus que probable que ces enfants qui ne sont jamais revenus parmi les leurs, soient décédés des sévices qu’ils-elles avaient subis.

 

Les générations suivantes souffrent encore des traumatismes de leurs prédécesseurs.  Des cultures entières ont été perdues. 

 

Depuis quelques années, quelques uns des  individus ayant commis des actes ignobles contre les enfants ont été traduits en justice de leur vivant.  Les congrégations qui étaient au courant des abus mais avaient protégé les abuseurs, ont dû payer des sommes importantes.

 

Mais rien n’a été fait à l’époque à laquelle ces crimes étaient commis.  Le récit des survivants est à glacer le sang.

 

Mais nous avons le pouvoir de changer la situation, qu’encore maintenant, certaines nations autochtones vivent: manque de logements salubres et d’eau potable, jeunes qui doivent s’exiler pour aller ‘’faire leur secondaire’’, très loin du village où on les a installés, coûts élevés de nourriture saine transportée par avions, racisme institutionnalisé et chaque semaine une nouvelle histoire d’horreur nous est rapportée par les médias.

Devons-nous continuer à glorifier les acteurs de ces drames, tout francophones qu’ils.elles soient?  Ou devons-nous remettre en contexte, pour que le côté le plus sombre de notre histoire soit connu, et que ces ‘’héros’’ soient vus sous toutes leurs facettes?

En date du 13 juillet,  1308 dépouilles d’enfants avaient été découvertes sur les terrains d’anciens pensionnats autochtones.  L’horreur continue.

Le texte original peut être lu ici :  https://ahfv.org/colonialism-et-les-premieres-ecoles/