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Paroisse St-Jean Baptiste – Père Benoît

Dramatique 1 :

 

… bruits de gymnase… basket…

 

Isabelle :  Tellement contente, là!  J’ai remis mon travail d’histoire, trait d’union, français ce matin!

Karim :  Aie, Isabelle, faut que tu m’aides… j’ai même pas encore trouvé mon sujet!

Isabelle :  Bin voyons donc, Karim!  C’est pas vrai?  Il nous reste pas grand temps! As-tu une idée, au moins?

Karim :  Rien, rien du tout.  Tu me connais, je procrastine! Mais là, je suis vraiment mal pris!

Isabelle :  C’est pour ça que t’as jamais de bonnes notes… tu fais tout à la dernière minute…

Karim :  Je sais, je sais… mes parents me le disent tout le temps!… mais j’ai pas d’idée… Toi, c’était quoi, ton sujet?

Isabelle :  La paroisse St-Jean Baptiste… j’ai trouvé pas mal de matériel… et il y avait beaucoup d’information sur la formation de la paroisse, sur les prêtres qui se sont succédés… mais parmi eux, j’ai choisi le Père Benoît, impliqué dans la vie paroissiale, mais aussi dans la vie communautaire.

Karim :  Mais, pourquoi j’ai pas pensé à ça???

Isabelle :  Je sais pas… peut-être parce que tu passes trop de temps sur la lune d’Endor, avec tes jeux virtuels!?  Tu sais le Chrono-Tupos, c’est un peu comme un jeu virtuel!

Karim :  T’es bien bête, aujourd’hui!  Je fais juste te demander de l’aide!

Isabelle :  Désolée… je m’excuse… c’est juste que t’es toujours dans la dèche et c’est la plupart du temps ta faute…

Karim :  Veux-tu m’aider, ou non?

Isabelle :  La seule chose que je peux faire pour toi, c’est de te laisser lire mon travail.

Karim :  Ok… c’est mieux que rien… après les cours, à la cafétaria?

… coup de sifflet…

Professeur de gym :  Karim, Isabelle… quand vous aurez fini de placoter, vous voudrez peut-être vous joindre à la partie?… si ça vous dérange pas trop?

 

… fondu partie de basket…intermède musical 30 secondes…

 

Narration 1 :

 

La grande majorité des francophones habitant Victoria dans les années 1950 étaient de nouveaux arrivants, ils pouvaient se faire un nouveau cercle d’amis en joignant diverses associations francophones, telles l’Alliance Française ou Le Club des Canadiens-Français.  Mais pour beaucoup d’entre eux, la vie de village, de quartier, leur manquait.

Plusieurs étaient catholiques; bien qu’il y eût des pour leur offrir des célébrations dominicales et les rituels reliés à leur foi, cela se faisait en anglais.

 

Dans ces villes et villages qu’ils avaient laissés derrière eux, le clocher de l’église était un phare, une balise; le son des cloches rappelait à heure fixe les prières du jour, laudes, angélus, vêpres, complies, et soulignaient les moments importants de la vie du croyant :  baptême, mariage, décès…

 

C’est sur le perron de l’église que les nouvelles se partagent, que l’on renoue avec les amis. L’église est bien plus qu’un lieu de culte.  Elle est au centre de la vie de paroisse, de la vie communautaire, et même, de la vie familiale.

 

C’est pourquoi, il semble important aux francophones de l’époque de créer une paroisse où ils pourraient pratiquer leur foi et retrouver leurs semblables, en français.

 

Des prêtres, tel le Père J.A. Gaudet, aumônier du Club des Canadiens Français, ou les Pères Franciscains se déplaçant depuis les paroisses françaises de Maillardville et de Port Alberni célèbrent la messe à Loretto Hall.  Mais cela n’est pas suffisant pour ceux et celles désireux d’avoir leur paroisse.

 

À la fin de 1952, le Club des Canadiens Français ouvre un compte de banque dans le but de créer une paroisse, d’acquérir un lieu de culte.  Plusieurs activités sociales et levées de fonds sont organisées avec pour objectif de réaliser le projet le plus rapidement possible.  Deux ans plus tard, soit en 1954, le compte dépasse trois mille dollars.

 

L’évêque de l’époque, Monseigneur Hill, prend deux ans avant d’accepter de rencontrer les représentants du groupe.  Ce n’est qu’en 1956, et après avoir reçu une pétition signée par les futurs paroissiens, qu’il se dit favorable à leur demande, à la condition que l’église dans la mire du comité, l’Église Saint-Mathias, une église anglicane, qui a aussi l’avantage d’une salle paroissiale, soit payée comptant.  On se tourne alors vers un organisme ayant son siège dans la ville de Québec :  le Conseil de la Vie française, dont la mission de « promouvoir le développement et l’épanouissement des communautés d’origine, de langue et de culture françaises en Amérique3». Ses fondateurs lui donnent la devise « Conservons notre héritage français » .

 

… Willie Lamothe :  L’église de mon village…

https://www.youtube.com/watch?v=JtyNa3Y8yHs

 

 

Dramatique 2 :

 

… Assemblée générale annuelle… bruits de chaise… toussotements…

 

Président d’assemblée :  Passons maintenant au point 8 de notre ordre du jour :  Projet d’une paroisse francophone à Victoria.  Madame Yvonne Fortin-Terrien, la présidente du Club des Canadiens Français prendra la parole.

Madame Fortin-Terrien :  Je remercie le Conseil de la Vie Française de m’accueillir aujourd’hui, dans cette magnifique ville de Québec, terre de nos aïeux.  Québec, origine de notre langue française en Amérique, défenderesse de notre langue, de nos droits, de notre culture.

Président :  Merci madame.  Vous-même semblez être une porteuse de flambeau.  Vous nous arrivez de l’autre bout du pays, n’est-ce pas?

Madame F-T :  En-effet, j’arrive de Victoria, en Colombie-Britannique.

Président :  Et si vous nous parliez de la raison de votre présence à la réunion annuelle du Conseil de la Vie Française?

Madame F-T :  Voilà.  Vous avez entre les mains une retranscription de la lettre que nous avons reçue de Monseigneur Hill, dans laquelle il dit appuyer notre projet de paroisse catholique francophone.  Nous avons déjà trouvé une petite église anglicane que nous aimerions acheter.  Mais une des conditions que met Mgr Hill à la fondation de notre paroisse, est que cette église soit réglée comptant.  Nous avons déjà amassé plusieurs milliers de dollars.  Mais il nous manque $8000.

Président :  J’ai partagé avec les membres de notre conseil des informations que vous nous avez fournies sur vos ‘’futurs’’ paroissiens, sur les démarches que vous avez prises, et sur la façon dont vous avez réussi à amasser une bonne partie des argents nécessaires.  Vous comprendrez que $8000 est une somme importante.  Et vous ne serez pas surprise que nous devions procéder à une étude approfondie de votre projet.

Madame F-T :  Oui, je comprends très bien, et je ne m’attendais pas à autre chose.  La somme est élevée, mais restez persuadés que notre communauté a besoin de cette paroisse, de cette église, de ce lieu de rencontre pour pouvoir non seulement s’épanouir, mais avant tout, de survivre dans cette marée anglophone.

Président :  Vos objectifs rencontrent les nôtres.  Nous ferons diligence et vous donnerons une réponse dans les plus brefs délais.

Madame F-T :  Merci beaucoup.  Et je demeure disponible, à la fin de la réunion pour répondre à vos interrogations sur le projet, mais aussi dans le futur pour vous faire parvenir toute la documentation dont vous pourriez avoir besoin lors de l’examen de notre demande.

 

…. Intermède musical 30 secondes….

 

 

Narration 2 :

Après étude, le Conseil autorisa la subvention, et Rome donna son approbation le 4 mars 1957.  L’achat fut conclu et on dut encore attendre 6 mois pour que le Père franciscain Clément Lepine ne prit en charge la paroisse; le nom de cette nouvelle paroisse :  St-Jean Baptiste, patron des canadiens français.

 

Des réparations étant nécessaires, on organisa un comité pour obtenir les fonds dont on avait besoin :  demandes de subventions, activités communautaires payantes tenues dans la salle paroissiale et recherche de dons privés.

 

Les mois et les années passèrent.  Des marguilliers furent élus, à tous les ans, pour assurer une rotation.  Les femmes eurent enfin droit à occuper le poste en 1969.  Cela était très rare à l’époque.  La paroisse faisait preuve d’ouverture d’esprit!

 

Les paroissiens fréquentant la petite église située sur le coin des rues Richmond et Lilian veulent un presbytère.  En 1964 on achète la maison voisine de l’église.

 

Plusieurs prêtres se succédèrent comme pasteurs guidant ce troupeau de brebis francophones.  Il fut parfois difficile de trouver un prêtre catholique francophone, ou du moins francophile, mais les paroissiens ne se découragement pas, et multiplient les démarches.  L’esprit communautaire est encore très vivant dans la petite paroisse.

 

 

… Grain de Mil :  Hart Rouge… 3 minutes…

 

Dramatique 3 :

 

… fondu sur ambiance cafétéria…

 

Karim :  C’est pas pire jusqu’à date.  Est-ce qu’ils ont trouvé leur curé?

Isabelle :  Il est arrivé que pendant quelques mois le poste ne soit pas comblé.  Les Franciscains étaient très présents, dès le début.  Mais pour la grande majorité du temps, il y avait un prêtre.

Karim :  Et le curé dont tu parles, c’est qui?

Isabelle :  … rire moqueur… il te reste juste une couple de pages à lire.  Tu me diras pas que t’es fatigué?

Karim :  Non… mais mon cours d’histoire va bientôt sonner… et je veux connaître la fin de l’histoire…

Isabelle :  Ok, ok… Son nom était Benoît Laplante… attends je vais retrouver mes notes biographiques…  ….tape le clavier de son ordi…

Isabelle :  Il a eu une vie pleine d’aventures… voilà! Je les ai trouvées.

… fait la lecture de ses notes d’une voix ‘’journalistique’’…

Benoît Laplante est né en 1938, dans la région du Kamouraska, au Québec.  Fils d’une famille de 7 enfants, il fit ses études au Collège Ste-Anne-de-la-Pocatière, puis, animé par sa vocation, il continue à la Faculté de théologie de l’Université Laval à Québec.

 

Il fut ordonné prêtre en 1963. Durant 7 ans, il remplira diverses fonctions, puis devint vicaire à la cathédrale Ste-Anne-de-la-Pocatière.  Épris d’aventures, il voyage avec son ami prêtre Yvon Joseph Moreau, et en 1970, ils partent tous les deux pour le Mexique dans le but d’apprendre l’espagnol.

 

Missionnaire dans l’âme, et maintenant maniant la langue de Cortez, il part pour le Nicaragua.  Il traverse en autobus le Mexique, le Guatémala, le Salvador et le Honduras.

Il s’implique corps et âme dans sa nouvelle vie.  Pendant 14 ans, il bâtira des écoles, des coopératives, des résidences pour les pauvres et les réfugiés du terrible tremblement de terre de 1976 qui fit plus de 23,000 morts.

 

Il participa à la construction de nombreuses églises. Il fut en même temps prêtre de 3 paroisses avec un total de 72 villages, dans des régions montagneuses reliées par des routes non pavées présentant bien des dangers. Il porte plusieurs chapeaux :  prêcheur, éducateur, administrateur, conseiller, guide, orienteur, mentor et même infirmier.

 

La situation politique au Nicaragua est explosive.  Sa vie est mise en danger et il sera expulsé.

 

… Isabelle prend une pause dans sa lecture… elle s’adresse sur le ton de la conversation à Karim…

… musique folklorique nicaraguayenne… 3 minutes

 

J’ai lu qu’il avait été expulsé deux fois du pays.  La dernière fois, il n’a eu le temps que de prendre son passeport et son porte-feuille.  Il est parti avec les vêtements qu’il portait.  Rien d’autre.

Karim :  Wow!  Vraiment un aventurier!  C’est ce genre de personnage-là dont j’aimerais faire le portrait.

Isabelle :  Et c’est pas fini.  Attend d’entendre le reste!

 

…. Reprend sa lecture à haute voix…

 

Après sa dernière expulsion, il retourne au Québec, mais en chemin, il rencontre un évêque allemand qui l’invite à aller se reposer en Allemagne après toutes ces aventures et ces années de travail ardu.

 

Il y restera 2 ans, et apprit l’allemand.  Il parle donc 4 langues :  français, anglais, espagnol et allemand.

 

Il sera curé dans deux paroisses du Québec, durant 4 ans.  En 1990, on lui offre la charge de la paroisse et de l’école St-Sacrement de Vancouver.  Il officiera pendant 8 ans.

 

Année sabbatique en Allemagne durant laquelle il retrouve amis et connaissances, et renoue avec l’allemand.

 

À son retour, Madame Henriette Moreau le contacte et lui demande s’il aimerait être curé à Victoria.  Son temps serait partagé entre la paroisse St-Jean-Baptiste et la cathédrale St-Andrews de Victoria.  Il prend sa retraite en 2017, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, lorsqu’on lui trouve enfin un remplaçant.

 

Karim :  Ça a dû être difficile pour un homme d’action comme lui, un homme de terrain, de cesser ses activités communautaires.

Isabelle :  En-effet, pour quelqu’un avec le feu sacré, l’inaction est la pire ennemie.  Mais il a continué à œuvré dans différents groupes.  Il a été aumônier des Chevaliers de Colomb, Chevalier de l’Ordre équestre du St-Sépulcre de Jérusalem…conseil..

 

…Karim l’interrompt…

 

Karim :  Chevalier de l’ordre de …. quoi?

Isabelle :  Chevalier de l’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem… C’est hot, hein!

Karim :  Mais c’est quoi?

Isabelle :  C’est un ordre de chevalerie religieux, qui s’inspire des Croisades.  C’est un ordre, une association de fidèles catholiques reconnues par le pape et qui œuvre pour aider la communauté chrétienne installée en Terre Sainte, c’est-à-dire le territoire d’Israël, de la Palestine, la Jordanie et Chypre.

Karim :  Un vrai chevalier!…

Isabelle :  Et comme je disais, il a été conseiller à l’Association Historique Francophone de Victoria et à la Société Francophone, ainsi qu’à la radio communautaire.  Et en plus, il a été aumônier pour la communauté hispanophone.

Karim :  Donc, quand il est venu à Victoria, il a continué à être un homme de terrain.

Isabelle :  C’est sûr.  Il a rencontré 2 papes, en personne.  En 2001, le comité ‘’Canada en fête’’ du ministère du Patrimoine canadien décernait conjointement le prix Certificat de Mérite au Père Benoît Laplante ainsi qu’à Hector Bussière et Mireille Marminav pour leur engagement prolongé dans la célébration de la St-Jean-Baptiste.

En 2005 il a reçu le prix Intervenant radio communautaire de l’Alliance des Radio Communautaires du Canada.

Karim :  Ton travail est pas mal inspirant… mais j’ai toujours pas mon sujet!  Allez… aide-moi!… s’il te plaît!…

Isabelle :  Ok, ok… quelle période t’intéresse?

… on l’entend taper sur son ordi….

Karim :  Bin… j’aime la période du début de la colonie… avec les premiers pionniers…

Isabelle :  Je viens de sortir la liste interactive…. Il reste plein de sujet!… t’as pas vraiment regardé, hein?

Karim :  … euh… pas depuis quelques jours…

Isabelle :  Tiens… je te donne des suggestions :  Les Voyageurs, La Société de Secours et de Bienfaisance, Fanny Bendixen, le curé Maillard…

Karim :  C’est quoi, la Société de Secours et de Bienfaisance?

Isabelle :  Aha!… voilà ton sujet!  Il te reste juste à faire tes recherches et à utiliser le Chrono-Tupos.

Karim :  Alors, la Société de secours mutuel… euh…comment…

… la cloche du début de cours sonne… chaise brouhaha….

Karim :  Aie, merci Isabelle.  Ton travail est super bon… merci

Isabelle :  Ça me fait plaisir… bonne journée, Karim.  Pi, arrête de procrastiner!

 

… Travailler c’est trop dur :  Zachary Richard